✔️26 septembre 2021 au NOW Beirut
✔️3 octobre 2021 au NOW Beirut
✔️10 octobre 2021 au NOW Beirut
✔️27 novembre 2021 à l’Amphithéâtre du Grand Lycée Franco Libanais
Un récital spectacle, une histoire en chanson et en texte, un voyage hors du temps, tout en émotions, pour vous faire découvrir les chansons de Barbara mais également Barbara elle-même, à travers un répertoire de 12 chansons iconiques, entrecoupé d’une lecture de textes choisis dans son récit auto-biographique inachevé “Il était un piano noir” et dans un roman de Julie Bonnie “Barbara, roman". Accompagnée de Céline Hjeili au piano et de la magie qu’elle émet du bout de ses doigts.
Je vous en parle un peu parce qu’outre le fait que nous ayons réussi à collecter 75 millions de livres libanaises au profit de l’association ASSAMEH Birth and Beyond, ce récital est l’aboutissement d’années de travail acharné, assidu, passionné et déterminé, donc de développement personnel, pour réaliser mon plus grand rêve: monter sur scène avec toute la légitimité que je dois à cela, et, un rêve plus particulier: oser Barbara.
Trouver les mots adéquats pour décrire un moment d’une grande magie au terme d’un parcours initiatique tracé par ma détermination, ma désobéissance quand cela fut nécessaire et ma passion, non sans embûches, non sans souffrance, non sans y abandonner des parts de moi éparpillées sur les bords, non sans rage, non sans extase.
Je ne suis pas certaine de pouvoir le faire.
Je commencerais d’abord par emprunter quelques mots à Julie Bonnie, auteure du roman « Barbara, roman » aux éditions Grasset :
« Elle attend. Assise sur une chaise, cachée sur le côté de la scène. Elle écoute les bruits du public, qui entre, s'assoit. Des bribes de phrases arrivent à ses oreilles. Barbara? Tu la connais toi? C'est une chanteuse? Il paraît qu'elle est belge. Une amie de Brel. Enfin, qui n'est pas ami de Brel, de nos jours.
Puis elle se laisse submerger par l'ampleur de l'onde rouge qui prend possession des organes internes. Sentir la chaleur. Les intestins, fragiles, qui se tordent avec la trouille. Se demander pourquoi on est là. Vouloir tout annuler, rentrer chez soi. Quelle idiotie, monter sur scène. Cela ne sert à rien. Puis, trouver la force, on ne sait où, peut-être vient-elle d'ailleurs, de plus mystérieux, de plus ancien. Poser un pied devant l'autre, apparaître dans la lumière, de l'autre côté, sous les applaudissements timides. Manquer de s'effondrer puis recevoir la foudre, qui donne l'énergie de tenir debout, efface le passé et le futur, ancre la plante des pieds dans le ventre brûlant de la planète, étire le haut du crâne vers les astres.
Devenir quelqu'un d'autre et pourtant l'essence de soi-même" .
27 novembre 2021.
Amphithéâtre du Grand Lycée Franco Libanais.
Belle et grande scène faisant face à 400 fauteuils en velours rouge.
Son et lumière à la pointe de la technologie.
Ce n’est pas la première fois que je chante.
Ce n’est pas la première fois que je chante Barbara en concert, c’est la quatrième fois. Un projet gargantuesque et périlleux car on ne chante pas Barbara, on ose Barbara.
Ce n’est pas la première fois que je monte sur scène, mais elles étaient plus petites et moins impressionnantes, en plus je n’avais pas de loge. Ça pourrait sembler anodin, mais la loge c’est surtout la chance d’un moment d’intimité avec soi-même, d’intériorité avant de monter sur scène, d’y déposer son âme et d’y laisser une partie de son cœur.
Ce n’est pas la première fois que je fais face à un public, mais ce soir je ne connais pas grand monde dans la salle et il y a beaucoup de français. Je chante leur patrimoine musical, j’ai intérêt à assurer.
Ce n’est pas la première fois que je mets mon art au service de cette cause monumentale que sont les enfants de mon pays, surtout quand c’est pour une ONG dont je connais l’humanisme (Assameh Birth and Beyond).
Et pourtant…j’ai tous les symptômes d’une première fois.
Je tremble un peu. Je suis, cependant, plus prête que jamais, entraînement technique pointu à la mesure de la Grande Dame Brune, répétitions élaborées, tout pour que les erreurs probables ne proviennent que de l’aléa des émotions, seul élément indomptable.
Parce qu’en effet, ce soir est un écrin qui renferme des premières fois précieuses et une naissance. La mienne.
L’adulte en moi naîtra tout à l’heure, à 20h30, dès que Céline, la maestro qui m’accompagne, égrènera les premières notes de ses doigts de fée.
L’enfant que je fus, aura enfin réalisé son rêve, celui qui avait commencé par des concerts fictifs face au miroir, une brosse à cheveux en guise de micro et des applaudissements muets aux bons soins d’un public en peluche.
Je retrace au crayon noir la ligne épaisse et cambrée au dessus de mes cils, poudre mon menton et mon nez. Un peu de gloss brillant sur les lèvres.
Céline applique de l’ombre à paupières. Elle est belle en longue jupe noire. Majestueuse. Les Chopin, Beethoven et Mozart qui languissent au bout de ses doigts vont se frotter à des compositions modernes d’une grande finesse.
J’ajuste ma jupe en soie noire pour que l’une de mes jambes fuselées dans un legging noir lamé puisse se balader librement sur scène. La jupe en hommage à Barbara, le fuseau pour ma touche personnelle.
Céline et moi tenons ensemble le même chapelet. "Une petite prière lalalala, avec nos cœurs pour la faire" et nos vingt doigts.
Le reste s’est déroulé comme dans un rêve, le temps s’est suspendu pendant une heure et vingt minutes.
C’est flou, ma tête tente de réactualiser les émotions ressenties, la vibration intense de chaque note secouant mon corps, ma voix augmentée par le velours de la sono, mes hésitations, les larmes qui me viennent et que je rétracte, les sourires complices avec Céline, ses improvisations épatantes qui me donnent envie de lâcher le micro, interrompre la chanson, pour l’applaudir, la lumière aveuglante, les applaudissements enivrants, les « bravo » criés à notre intention, cette "standing ovation" inespérée, les battements de mon cœur qui s’entrechoquent de joie, la communion avec le public, le rêve réalisé.
Le tout est un amalgame de coton onirique dans lequel je flotte. Je suis en apesanteur comme mon souffle que je tente de maîtriser malgré la fulgurance des sensations.
Non, je chante dans de multiples registres, du jazz à la variété.
Barbara parce que c’est Barbara. La rebelle, la poétesse, la compositrice, la chanteuse, l’interprète, la fêlée, la combattante, le génie, la grande dame, la Femme. Parce que l’harmonie de ses compositions. Parce que la poésie de ses textes. Parce que la complexité et le réalisme de ses chansons. Parce que « sa religion c’est l’amour ». Parce qu’elle transfigure la douleur et la recrache en sublime. Parce que ma voix s’y retrouve.
L’un des outils les plus redoutables, l’une des armes les plus redoutées que je connaisse, c’est la voix. Partout où vous irez, il y aura des voix qu’on force à se taire ou qui se taisent dans la terreur. Dans un monde où l’on s’acharne à taire la voix, la voix du juste, celle de la vérité, de l’équité, la voix de l’opprimé, du révolté, du démuni, du tolérant, du cultivé, la voix de la différence, les voix des victimes, dans un pays où l’on doit désormais nous taire de plus en plus, NE NOUS TAISONS-PAS ! Comme le chante France GALL : « Résiste, prouve que tu existes, refuse ce monde égoïste, suis-ton cœur qui insiste, bats-toi, signe et persiste ».
Ce soir-là ma voix fut au service de la musique, ce langage universel qui unit. En chantant, acte ultime de culture et de liberté, je résistai à la détérioration lente et progressive de cette perle de culture qu’est le Liban. En Mars 2022, nos voix, seront au service du pays, au service du changement. Nos voix seront nos votes. Avec la voix on peut dire NON. Ne nous taisons-pas.
Moi, libanaise, interprétant un monument de la chanson française, ici, dans cette école qui est au croisement ultime de nos deux cultures, une sentinelle de la francophonie au Liban, était une évidence. C’est bien cette philosophie, ces valeurs, l’importance accordée à la culture générale, aux arts, que sont la mission du GLFL, de la Mission Laïque Française, qui me donnent de l’espoir pour le Liban.
En tant que libanais, si nous pouvons être fiers d’une chose, elle réside dans notre diversité, linguistique, religieuse, culturelle, historique et identitaire.
Merci Céline, pour le piano à ma voix.
Merci Mira Akiki, pour la technique, pour le dévouement, d’avoir cru en moi, d’avoir rêvé avec moi.
Merci au Grand Lycée Franco-Libanais Beyrouth pour votre confiance et votre générosité.
Merci M. le Proviseur Xavier Ferrand.
Remerciements particuliers à Lea Abinader et à Cédric Toiron pour l'idée géniale.
Merci à Cliff Lteif pour la sono exceptionnelle.
Merci Institut français du Liban de votre présence et votre mission.
Merci L'Orient-Le Jour et Annahar Newspaper | جريدة النهار d'avoir été témoins.
Merci à ASSAMEH – Birth & Beyond pour votre confiance, pour votre humanisme et pour l’espoir que vous donnez aux familles dans la misère.
Merci au Docteur Robert Sacy pour la leçon de vie.
Merci à Onomatopoeia The Music Hub pour avoir été le plus beau des débuts.
Merci à Barbara de m’avoir prêté sa musique d’outre-tombe (et pardon juste au cas-où vous trouveriez cela médiocre )
Merci à Anthony Massoud, mon mari, pour mes ailes.
Merci à mes parents de m’avoir faite telle que je suis, surtout pour mon côté rebelle et son mélange avec mes faiblesses qui est explosif. Vous connaissez le reste de l’histoire.
Merci à toi Public bienveillant, d’être venu et d’avoir filmé, m’offrant ainsi de belles traces.
Merci à Patrick Farah, élève de terminale, d'avoir ouvert le bal avec un morceau de Chopin
Et surtout, merci DIEU. Gratitude infinie.
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